à L'Athénée
Pour F. Cartau, Union bouddhiste de France, la mondialisation n'est ni positive ni négative. C'est l'usage que
nous en faisons qui peut l'être. La mondialisation nous invite à une prise de conscience individuelle et collective: respect des droits de l'homme, équilibre du vivant, interdépendance des vivants à l'échelle planétaire. Notre désir compulsif de posséder toujours davantage induit la frustration.
Le pasteur E. Alvarez, de la Fédération Protestante de France, souligne lui aussi l'ambivalence de la mondialisation : l'économie mondialisée est génératrice de craintes, mais cette évolution nous permet en même temps de nous ouvrir à l'autre. Le message évangélique est universel, et il nous invite à un effort de confiance envers l'autre et au refus de la « pensée unique.» Taizé en est un bel exemple: celui du monde que nous avons à construire, un monde où l'on se comprend mieux.
D'après le grand Rabbin de Bordeaux, A.-D. Nacache, la mondialisation nous effraie car elle nous envoie dans l'inconnu. Internet fait disparaître l'individu. S'ils défendent une éthique universelle, les Juifs n'ont pas de volonté expansionniste. Dans le Lévitique, « aime ton prochain comme toi-même peut aussi être traduit par « aime ton lointain... » La connaissance de l'homme importe autant que celle de Dieu.
T. Papanicolaou, de l'Eglise orthodoxe grecque affirme que la mondialisation favorise le nomadisme en révélant la place des religions dans le monde. Même si les affaires publiques ne sont pas du domaine des religions, les croyants ont à veiller à maintenir le souffle prophétique. Comment? Développer une culture de la non-violence, de la vie, de l'égalité, bien distinguer les transformations économiques et politiques avec les choix de vie de chacun.
J.-P. Ricard, archevêque de Bordeaux, conclut en réfléchissant sur l'aspect religieux de la mondialisation. Le pluralisme religieux qui en résulte est à vivre comme une chance. Nous avons à cultiver les liens d'estime et d'amitié, incompatibles avec les représentations caricaturales. Nous avons aussi à dénoncer les dérives de la mondialisation. Nous sommes tous responsables de notre planète. Le dialogue avec l'autre peut être déstabilisant pour nos convictions, mais la mondialisation le rend nécessaire.
Pour T. Oubrou, imam de la mosquée de Bordeaux, la mondialisation est un phénomène qui n'est pas entièrement nouveau. Aux flux migratoires déjà anciens s'ajoutent aujourd'hui les mouvements virtuels que favorisent les nouvelles technologies. Dans ces conditions, l'humanité n'a d'autre choix que de favoriser le dialogue, d'où naît le consensus. Quant aux religions, elles traversent les cultures et survivent aux systèmes politiques. Elles ont tout intérêt à sauvegarder la laïcité.
Rapporteur: C. Tresca
(Resonances n°22)